Ça y est je me suis enfin décidé. Je ferai Paris-Berlin à vélo! Enfin l’inverse cad Berlin-Paris! Voilà c’est ça… euh mais je suis sûr que je vais faire ça moi?


Pendant plusieurs semaines j’ai hésité. Je me suis dit que c’était ridicule, que j’avais mieux à faire ou que c’était une idée folle qui m’était passée par la tête et que ça me passerait. Pourtant ça fait un moment que j’avais en tête un tel voyage. En fait peu avant que j’emménage ici à Berlin. De Rotterdam à Berlin je me suis dit Hmmm ce serait une sacrée idée de faire la route à vélo. Comme pour marquer l’événement quoi. Bon et puis il y avait tous ces cartons à transporter et puis c’était au mois de décembre blah blah blah que des excuses en fait (si si il faisait vraiment froid). Finalement ça n’a pas eu lieu mais la petite graine était plantée.


6 mois plus tard j’ai quitté mon job et me voilà soudain libre comme l’air, prêt à répondre à l’appel du grand large… ou plutôt à me tourner les pouces. Mon dernier voyage remonte au mois de février à Montreux avec les copains où nous avions fait du ski de randonné à la force des jambes et au mental. Celui d’avant à la Toussaint où Denise et moi avions traversé les alpes bernoises pendant 3 jours. Un face à face avec la montagne Eiger que je n’oublierai jamais (à l’heure où j’écris ces lignes sur mon téléphone c’est encore ma photo de fond d’écran). En vérité, je raffole de ce genre de vacances sportives. J’ai besoin de défis dans ma vie. Et là j’avais envie de repartir à l’aventure!  Entre temps la graine avait germé: un mois de vacances c’est l’occasion parfaite de faire mon voyage à vélo. Mais plutôt que Rotterdam-Berlin, je ferai Paris-Berlin (enfin l’inverse, cf blague du début). Histoire de fêter mon anniv à Paris en famille.


Là aussi il y en avait des excuses pour ne pas prendre le départ. Est ce que je suis prêt? Est ce que ce n’est pas trop ambitieux? Qu’est ce qu’il se passe si il pleut d’un bout à l’autre? Pour être honnête certaines de ces peurs ne sont pas totalement vaincues. Même en planifiant de A à Z il y aura toujours une part d’incertitude mais c’est ce qui fera la beauté du voyage. Et c’est comme ça que l’envie d’aventure, de solitude, de dépassement de soi ont finalement pris le dessus. Je pars à l’aventure! 


1500 c’est le nombre de km que je devrai parcourir. Pourquoi Google Maps dit moins alors? Est ce que j’aime souffrir? Non. En fait je vais emprunter des itinéraires bien connus pour bénéficier du balisage et ainsi éviter de me perdre ou de regarder mon gps toutes les 2 secondes. Mais aussi pour profiter du paysage, des sites naturels et culturels fascinants qui longent la route. Comme dit l’autre (cf à la fin), ce n'est pas une course, c'est un pélerinage. Et enfin pour ma sécurité (et aussi mon postérieur) car la majeure partie de ces itinéraires emprunte des pistes cyclables séparées (goudronnées) ou des routes à faible trafic. Je veux parler du réseau EuroVelo. C’est un réseau de routes cyclables longue distance qui connecte et unit l’ensemble du continent européen.  Optimiste, je vais essayer de boucler le tout en 11 jours.


Mon parcours comporte 3 tronçons:

-Un premier tronçon qui emprunte l’itinéraire EuroVelo 2 de Berlin à Münster en Allemagne. Pouah ça pue ce fromage! Non non ça c’est Munster sans « ü » en Alsace.

-Un troisième tronçon qui emprunte l’itinéraire EuroVelo 3 de Aix-la-Chapelle à Paris.

-Et un tronçon intermédiaire fait sur mesure en empruntant des pistes cyclables régionales qui me permettra de relier Münster à Aix-la-Chapelle.


Évidemment, qui dit arrivée à Paris dit gros finish sur les Champs Élysées comme au Tour de France. Tiens d’ailleurs les coureurs ne devraient pas arriver longtemps après moi. Il ne faudrait pas que je traîne sinon il risque d’y avoir des bouchons sur la ligne d’arrivée!


J’emporte un livre avec moi: Bernard Moitessier, La longue route (tiens ça tombe bien). C’est l’histoire d’un type qui s’enrôle pour une course autour du monde à la voile en solitaire. Tandis qu’il est annoncé vainqueur après plusieurs mois en mer, il décide de quitter la course, préférant continuer "sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme". Super inspirant mais espérons que je n’écoute pas le chant des sirènes moi. J’ai quand même très envie d’arriver à destination. Départ mardi matin en fanfare. Et oui c’est la fête de la musique (et aussi le solstice d’été). Quel meilleur jour pour un départ?